Indice de la Pauvreté Multidimensionnelle

26 octobre 2020

Indice de la Pauvreté Multidimensionnelle : Vers la mise en place d’une référence nationale

07 Octobre 2020


Le ministère des Affaires Sociales et des Solidarités en collaboration avec l’Institut National des Statistiques de Djibouti (INSD) et le bureau local du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) a organisé le dimanche 5 octobre dernier au palais du peuple, un atelier où il était question de restituer les résultats d’une certaine étude concernant un premier indice sur la pauvreté multidimensionnelle à Djibouti. Réalisée à partir de données des EDAM (Enquêtes Djiboutiennes Auprès des Ménages) de 2012 et de 2017, ladite étude servira de document de référence national qui permettrait aux institutions d’assistance de l’Etat de mieux cibler la population à couvrir.


La ministre des affaires Sociales et des Solidarités, Mouna Osman Aden a présidé le dimanche 5 octobre dernier, au palais du peuple, un atelier de validation d’une Étude sur l’indice de la Pauvreté Multidimensionnelle à Djibouti. Lequel était consacré à la restitution des résultats d’un premier indice spécifique à notre pays.

L’événement organisé par le MASS en collaboration avec l’INSD et le PNUD, a réuni sur place, la secrétaire générale de l’Union Nationale des Femmes Djiboutiennes, Fatouma Moussa Abdi, du directeur général de l’institut national des statistiques de Djibouti, Idriss Ali Sultan, du représentant résident adjoint du bureau local du PNUD, Gaël Olivier, des hauts cadre des différents ministères sectoriels du pays, à savoir, le MASS, le MENFOP, le ministère de l’économie et des finances, ceux de la santé, du logement et du logement, ainsi que des hauts responsables des organisations onusiennes comme le FAO, l’OMS, l’UNICEF,…etc.


Lors de la cérémonie inaugurale de cet atelier, le représentant résidant adjoint du PNUD, Gaël Olivier, pour qui l’initiative vise à mieux connaitre la pauvreté afin de mieux la faire reculer, a souligné «sans données tangibles pour éclairer les décisions, il n’y a tout simplement pas d’action publique utile» selon ce haut responsable de cette organisation onusienne la pauvreté ne peut être réduit à sa dimension monétaire, «C’est aussi l’accès à des services de base comme la santé ou l’éducation» a-t-il ajouté avant de déclarer que le PNUD, et l’ensemble du Système des Nations Unies, se tiennent résolument aux côtés du gouvernement pour soutenir la Vision Djibouti 2035 et l’atteinte des Objectifs de Développement Durable.

Pour sa part, le directeur général de l’INSD, Idriss Ali Sultan a précisé que cette étude est réalisée à partir des données des EDAM de 2012 et de 2017. Il a rappelé également qu’elle est l’œuvre d’une collaboration étroite entre des techniciens de son institution, du MASS, du PNUD et des experts de l’Université de Djibouti. «Cette mesure dans son approche permet d’envisager l’analyse de la pauvreté dans ses multiples facettes socio-économiques que l’approche monétaire, que nous avons l’habitude d’utiliser, ne peut suffire, à elle seule, de faire» a-t-il lancé à l’endroit des représentants des parties prenantes du processus d’élaboration de l’Indice de la Pauvreté Multidimensionnelle à Djibouti.

Quant à la ministre des affaires sociales et des Solidarités, Mouna Osman Aden, elle a mis l’accent sur l’importance de l’indice de la pauvreté multidimensionnelle qui selon elle, est venu enrichir les instruments statistiques de référence concernant la mesure de la pauvreté et apporter un lot non négligeable de détails sur ce sujet étalés sur l’ensemble du territoire national.

«L’IPM va servir, en outre, à affiner davantage les outils de ciblage dont nous disposons à l’heure actuelle» a-t-elle. Pour la ministre Mouna Osman Aden la gestion de la réponse de la protection sociale à l’impact du COVID19 a bénéficié de l’existence de ces outils et de leur pertinence. «Elle a également montré combien le déploiement de la politique sociale a besoin de plus de données autres que le scoring pour introduire le maximum de maîtrise et de transparence dans le ciblage des populations bénéficiaires de l’assistance de l’Etat» a ajouté Mme Mouna Osman Aden. Selon elle, l’IPM a apporté de nouvelles données et informations quant à la cartographie de la pauvreté et aux facteurs de son approfondissement. «Sur cette base, nous allons pouvoir disposer, au bout du compte, d’un véritable tableau de bord qui servira d’instrument d’aide à la décision» a-t-elle dit à ses interlocuteurs.

Sur ce, Dr. Idriss Okiyé Waais a pris la parole pour présenter le processus de l’étude et les résultats d’un premier Indice de la Pauvreté Multidimensionnelle pour Djibouti.

Les discussions qui s’en sont suivi ont permis d’améliorer le document qui servira d’une référence nationale sur cet indice à Djibouti.

Rachid Bayleh 

Ils ont dit…

. Mouna Osman Aden

Ministre des Affaires Sociales et des Solidarités

«L’étude sur le premier IPM de Djibouti nous informe de façon claire sur les évolutions connues par le phénomène de la pauvreté dans notre pays»


«J’aimerais, en votre nom à tous, adresser mes vifs remerciements au PNUD et à l’Institut National des Statistiques pour avoir facilité, grâce à leurs contributions technique et financière, la réalisation de cette étude si précieuse pour le développement de notre système d’appréhension de la pauvreté dans notre pays. Le résultat de leur travail est louable et utile. Ces qualités excusent à mon sens le retard mis dans la finalisation du document de l’étude qui avait, rappelons-le, démarré en 2018. L’étude sur le premier IPM de Djibouti nous informe de façon claire sur les évolutions connues par le phénomène de la pauvreté dans notre pays. Laissez-moi voir dans les résultats indiqués l’empreinte d’une forte volonté politique et d’un investissement de l’Etat qui commence à produire ses effets. En effet, le noyau dur de la pauvreté est constitué aujourd’hui de 12, 29% des ménages impactés à la fois par la pauvreté multidimensionnelle et la pauvreté monétaire.

Entre 2012 et 2017, ce noyau dur a été réduit, en termes de variation absolue de 18,5 points de pourcentage au niveau national. Le rapport cite en outre nombre d’indicateurs sectoriels constituant des facteurs dont la variation peut avoir une incidence sur la précarité et précise leur taux d’amélioration pendant la période 2012-2017(…) Du reste, nous sommes convaincus qu’une corrélation entre la stratégie nationale de protection sociale et l’IPM facilitera grandement la mise en œuvre des objectifs de cette stratégie parmi lesquels la sortie de la pauvreté figure comme la première priorité. J’aimerais ajouter, d’autre part, que le fait de disposer de l’IPM désagrégé permettra de renforcer notre volonté de promouvoir l’ingénierie sociale. En tant que partie commanditaire de l’Etude, permettez-moi de faire état de quelques observations sur le contenu du document de l’étude. En effet, au vu de la durée prise par l’étude, j’aurais souhaité ne pas voir justifiées certaines insuffisances par le terme « manque de données ». Je citerais comme exemples : le choix du ménage comme unité statistique alors que le choix de l’individu aurait pu fournir des comparaisons par groupes d’âge, ou encore la distribution de « la possession des actifs » entre milieu rural et urbain ou encore l’adoption « d’indicateurs sanitaires » autres que la mortalité infantile et la malnutrition pourtant mondialement utilisés. J’ai apprécié par contre d’autres ajustements opérés pour d’autres raisons que le manque de données. Je citerais ici l’adoption du niveau d’alphabétisation et d’éducation en lieu et place du diplôme obtenu. En tout cas, maintenant que la dynamique de production de l’IPM est enclenchée et que la technique est maîtrisée, nous nous attendons certainement à des améliorations qui feront de cet indice une référence incontournable dans notre compréhension de la pauvreté et dans notre ciblage des populations à couvrir par l’assistance de l’Etat»


. Idriss Ali Sultan

Directeur Général de l’INSD

«L’IPM indique clairement dans quels domaines des actions significatives doivent être menées pour lutter durablement contre la pauvreté»


«L’IPM, en intégrant en termes de privation, des variables relatives à l’éducation, à la santé, aux conditions de vie et à l’environnement fait savoir dans les détails ce qui manquent à la population et qui contribue à sa situation de pauvreté. Se faisant il indique clairement dans quels domaines des actions significatives doivent être menées pour lutter durablement contre la pauvreté. Nous sommes conscients que ce premier IPM national, calculé sans composante monétaire contrairement à celui de la Banque mondiale, doit être améliorée et affinée car ayant manquée de certaines données, notamment celles de la nutrition. Mais je peux vous ici que les résultats obtenus dans cette étude sont valables et très utiles, et ils confirment les grandes tendances des indicateurs issus de l’EDAM 2017 telles que : La pauvreté est plus rurale (51,3%) qu’urbaine (11,8%); L’amélioration des conditions de vie au niveau de l’habitat : de l’éducation ; de l’accès à la santé ; de la gestion des ordures dont les résultats vous seront présentés maintenant»

. Gaël Olivier

Représentant résidant adjoint du PNUD

«Les résultats, de cette étude vont permettre de guider concrètement la planification des politiques publiques de Djibouti pour les 5 prochaines années».


«Je veux aussi saluer le processus participatif dans la construction de l’indice de pauvreté multidimensionnelle pour Djibouti, qui a permis de rassembler tous les acteurs autour de ce thème qui requiert l’engagement de tous. Je retiens 3 leçons principales de cette étude:

1.  Il faut saluer de fortes avancées, notamment en matière de santé et de logement

2.  La pauvreté a visage rural. Elle est 4 fois plus élevée en dehors des villes.

3.  L’emploi reste un défi. Il faut diversifier l’économie pour l’orienter vers la création d’emplois.

C’est justement la priorité du nouveau plan national de développement de Djibouti. Je me réjouis donc que les résultats, de cette étude vont permettre de guider concrètement la planification des politiques publiques de Djibouti pour les 5 prochaines années».